Appel des cotisations 2008

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Cher adhérent,

En ce début d’année, je viens ici, une fois de plus, faire appel à votre générosité et vous demander de bien vouloir renouveler votre adhésion à notre association. Votre soutien fidèle est pour nous d’un grand réconfort, car il témoigne de la confiance que vous avez en notre gestion. Mais il est surtout la condition même de l’existence du refuge, et par conséquent de la survie des animaux. Souvent je vous ai dit qu’ils vivaient de nos dons. Vous serez peut-être néanmoins surpris par les chiffres : pour 2006, par exemple (les comptes 2007 ne sont pas encore clôturés), les subventions et indemnités ne représentent que 8,49 % de nos recettes, contre 91,51 % pour nos dons et cotisations. Je précise qu’il s’agit là de résultats globaux, incluant le service d’accueil des animaux trouvés. Vous pouvez donc mesurer l’importance primordiale que revêt votre participation. C’est avec vos dons que sont acquittés les honoraires des vétérinaires, les factures d’aliments, les notes d’eau, de gaz, d’électricité, les impôts, les salaires des employés etc…

Vous savez depuis longtemps que nous gérons notre budget de façon très rigoureuse, avec le souci constant de ne pas gaspiller un centime. Pour exemples : nous faisons nous-mêmes les comptes et les feuilles de paie, le recours à un cabinet comptable étant fort onéreux ; nous avons deux employés seulement en C.D.I., l’une effectuant 35 heures par semaine en qualité de chef animalier-conseiller d’adoption-gardienne, l’autre 8 heures par semaine seulement (il s’agit d’un de nos anciens animaliers, aujourd’hui retraité et réembauché un jour par semaine). Les autres employés sont embauchés sous contrat aidé par l’état. Nous sommes donc remboursés d’une partie de leur salaire et dispensés des charges. Ces contrats étant de courte durée, cela implique évidemment, pour nous, la recherche fréquente de candidats, leur formation, des dossiers à monter, des démarches administratives à effectuer etc… et c’est à nous, bénévoles, qu’incombe la majeure partie du travail de secrétariat, qui s’ajoute à notre travail d’administration : Odile Boch et moi-même y consacrons toutes nos matinées, et une bonne partie de nos après-midi. Employer si peu de personnes rétribuées pour l’entretien de 170 animaux en moyenne, et pour toutes les activités liées à la protection animale représente une vraie gageure, et venir à bout de la charge quotidienne de travail relève souvent de l’exploit.

Si nous effectuons toutes les économies possibles en ce qui concerne les dépenses (et c’est indispensable, car malgré nos efforts, notre compte de résultats 2006 présentait un déficit d’exploitation), le maximum, en revanche, est fait pour les animaux, et je puis affirmer, une nouvelle fois, que la ligne de conduite que nous avions, tous ensemble, définie en 1996, est toujours respectée : tous les animaux, quels que soient leur âge, leur race, leur état sanitaire à l’arrivée, leur statut (animal abandonné ou animal trouvé), sont systématiquement soignés, vaccinés contre les maladies courantes de leur espèce, tatoués. Les chats, mâles et femelles, sont stérilisés et testés contre la leucose et le F.I.V. Les chiennes sont stérilisées avant leur sortie du refuge pour adoption. Aucune euthanasie libératoire n’est effectuée ni côté refuge ni côté fourrière, et le fait est assez rare pour être signalé. Tous les animaux entrant dans les bâtiments fourrière -que nous nommons «chenil d’isolation» et «chatterie d’isolation»- en ressortent, après mise en état sanitaire, pour être installés au refugeen attente d’adoption. (Ce sont les animaux «trouvés» qui doivent obligatoirement être inscrits en fourrière, contrairement à ceux qui sont abandonnés au refuge par leur maître). Nous ne pratiquons que des euthanasies médicales, lorsque la médecine vétérinaire se déclare impuissante à soigner l’animal et à soulager sa souffrance. La plupart des animaux arrivant au refuge n’ayant jamais été montrés à un vétérinaire, leur «mise en état sanitaire» coûte cher, mais elle est absolument indispensable. Et je rappelle que notre S.P.A., qui a une importante activité de fourrière, c’est-à-dire d’accueil des animaux «trouvés», ne reçoit pas d’indemnité des municipalités pour ce service (exception faite pour une petite commune).

Si je réïtère chaque année ces explications, c’est pour informer les nouveaux adhérents de la façon dont nous concevons l’accueil des animaux sans maître, d’une part, et pour que ceux d’entre vous qui étaient déjà adhérents en 1996 sachent que nous continuons à «tenir le cap». Car ce qui nous a tous liés, ce qui continue à nous réunir, ce qui est notre raison d’être et notre particularité, c’est précisément notre refus catégorique de l’euthanasie. Loin de nous l’idée de critiquer ceux qui doivent la pratiquer : il y a beaucoup plus d’abandons que d’adoptions, l’euthanasie sans nécessité médicale est donc, en l’état actuel des choses, dans les fourrières de la plupart des S.P.A., presque inévitable, mais la mise à mort d’animaux en surnombre n’a rien à voir avec la protection animale, aussi avons-nous choisi de nous cantonner à une oeuvre de sauvetage et d’assistance aux animaux. Cette oeuvre, nous la poursuivons hors refuge en ce qui concerne les chats, dans le cadre du Rassemblement des associations de protection animale ne pratiquant pas l’euthanasie libératoire (R.A.P.A.P.P.E.L.). Nous prêtons main-forte à «Charlotte et les autres… », association adhérant, comme nous, à ce groupement, et qui a fait stériliser et tatouer l’année dernière 312 chats, les sauvant ainsi d’une mort certaine, en accueillant au refuge des cailloux les minous qui ne peuvent pas être remis sur leur lieu de vie en raison d’un handicap quelconque.

Ceux d’entre vous qui fréquentent le refuge ont pu constater que d’importants travaux, destinés à améliorer la qualité de la vie au refuge de nos protégés, ont été effectués cette année. C’est grâce, essentiellement, à la générosité de Michèle Pennequin, adhérente, Chevalier de Saint-François d’Assise et également Présidente d’honneur de «Charlotte et les autres… » que ces travaux ont pu être réalisés. Michèle, depuis plusieurs années, joue le rôle de Père Noël pour nos abandonnés, et nous lui en devons beaucoup de reconnaissance.

Les travaux en question nous permettent de «tenir» dans des installations vétustes, devenues obsolètes depuis longtemps. Le refuge a été conçu, en 1919, pour une cinquantaine de chiens. A l’époque, les chats étaient encore considérés comme des nuisibles… Actuellement, il accueille un grand nombre de chiens, de chats et de N.A.C., mal logés dans des locaux qui ne sont pas aux normes. Le refuge est devenu beaucoup trop petit : infirmerie minuscule, pas de salle d’opération, pas de vestiaire, pas de salle de réunion, pas d’atelier, pas de possibilité de stocker les marchandises, pas de parking, un minuscule bureau d’accueil etc…. Le secrétariat indispensable au fonctionnement de l’association est installé provisoirement, depuis plus de 10 ans, ainsi que les archives, dans un local dijonnais prêté par un administrateur, situation dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas normale. Et cette liste des «manques» est loin d’être exhaustive… Nous sommes dans l’absolue impossibilité de nous mettre en conformité avec les exigences des différentes administrations (Direction des Services Vétérinaires, Environnement, Direction du Travail), ces administrations se montrant d’ailleurs patientes et bienveillantes à notre égard, mais elles ne pourront pas l’être indéfiniment. Il devient urgent que la Ville de Dijon accède à la requête que nous avons présentée il y a de cela quatre ans, requête à laquelle le Maire avait bien voulu répondre favorablement, et attribue à sa S.P.A. un terrain sur lequel pourraient être édifiés des bâtiments fonctionnels.

La justice n’est pas bien sévère avec ceux qui maltraitent les animaux, nous le savons tous. Quant à moi, je l’ai éprouvé par trois fois cette année :

Nous nous étions portés partie civile dans une affaire concernant un homme ayant battu à mort un berger allemand. Il avait avoué, les faits étaient prouvés. Un non lieu a été prononcé, car le délai de prescription était dépassé au jour du procès. Le tribunal a même dû ordonner que cet homme soit défrayé de ses frais d’avocat !

Une deuxième affaire, dans laquelle nous nous étions également portés partie civile, concernait un homme qui devait partir en vacances en Corse, mais qui a pris le temps avant d’attacher son chien à un arbre, dans un bois, et de s’assurer qu’il était mort. Il devait trouver le temps long, car le dossier nous a appris qu’il avait même interrogé sa future ex-femme pour savoir combien de temps pouvait tenir un chien sans manger et sans boire, indice confondant pour les enquêteurs. Le chien est mort de soif et de faim. Revenu de vacances, l’homme en question est allé récupérer le collier et la laisse, pour son prochain chien probablement… Notre avocat, Maître Anne, a brillamment plaidé ce dossier. L’homme a été condamné, sur le plan civil, à 200 € d’amende et 350 € au titre de l’article 475-1 (frais de représentation par avocat). Sur le plan pénal, il a été condamné à deux mois de prison avec sursis. Ce n’est vraiment pas cher payé pour ce que ce pauvre chien a enduré. L’homme en question n’avait même pas daigné se présenter à l’audience…

GilbertDepuis juin 2004, je galère pour essayer de faire punir une de nos adoptantes, gendarme de profession, qui a fait mettre à mort un de nos chiens, jeune, gentil et en parfaite santé, suite à un accident provoqué en fait par l’incompétence et le manque de jugement de la dame. Dossier épais, recueil de témoignages, visites aux responsables hiérarchiques de la jeune dame, plainte auprès du Procureur de la république etc… Des dizaines de démarches, des dizaines d’heures de travail… Le Procureur a finalement ordonné en 2007 une médiation pénale, à laquelle Maître Anne a bien voulu m’accompagner et à l’issue de laquelle j’ai accepté les propositions du médiateur, que la dame s’est permis, elle, de refuser… Finalement, le Procureur de la république a décidé de procéder à un classement sans suite… Le conseil d’administration n’entendant pas en rester là, nous envisageons maintenant une procédure civile.

Comme vous pouvez le constater, il est très difficile d’obtenir réparation des préjudices et de faire respecter les droits des animaux. La plupart du temps, on ne recueille que déboires et déceptions, ce qui n’est pas, d’ailleurs, une raison pour renoncer.

A vous qui soutenez si fidèlement notre cause mais êtes éloignés de la vie quotidienne de l’association, je voudrais raconter, à titre d’exemples, quelques-unes des petites histoires, tristes ou heureuses, parfois cocasses, qui émaillent ou pimentent nos journées.

Je pense à ce jeudi après-midi (jour de fermeture du refuge) où j’ai dû, en l’espace d’une heure, et toutes affaires cessantes, rappeler un employé en congé et trouver deux bénévoles pour sortir de la chambre froide, inutilisée depuis longtemps, les piles de couvertures et les palettes de nourriture (700 kg chacune) qui y étaient entreposées, pendant que le fils de la gardienne, appelé lui aussi à la rescousse, réparait le système électrique permettant de faire le froid, afin de pouvoir accueillir, comme si de rien n’était, un camion qui venait, sous bonne escorte de motards, nous livrer 380 poulets prêts à cuire saisis par les douanes le matin même, car le camion était en infraction avec la loi. Si nous n’avions pas pu prendre ces poulets, ils auraient fini à l’équarissage. Il avait fallu réagir très vite, comme souvent, mais nos chiens ont fait la fête pendant plus d’une semaine !

Ramassé à Genlis, presque inerte, un chat arrive au refuge, pantelant, borgne, la gorge déchirée, un énorme trou béant sous le cou d’où s’écoule un mélange de sang et de pus. Aussitôt conduit chez le vétérinaire, opéré d’urgence, il s’est remis très vite : manifestement il voulait survivre et avait beaucoup lutté pour cela. Notre Harold, aujourd’hui tatoué, vacciné et castré, vigoureux et confiant, attend avec impatience celui qui voudra bien lui offrir une nouvelle vie, heureuse cette fois.

Une adhérente, membre bienfaiteur, se présente au refuge ; elle vient de prendre sa retraite et fête l’événement en venant adopter un vieux chien. C’est difficile, pour une bonne âme, d’en choisir un, car cela signifie que les autres vieux toutous vont rester au refuge. Elle repart avec Jumpy, 13 ans, après avoir fait un chèque d’un montant très largement supérieur à la participation demandée pour une adoption, et s’étonne même lorsque je la remercie chaleureusement d’avoir choisi un chien âgé : pour elle, cette démarche est naturelle, évidente. Nous leur souhaitons, à elle et à Jumpy, tout le bonheur qu’ils méritent.

A propos d’animaux âgés, je ne saurais trop vous inciter à consulter, sur notre site internet, une nouvelle rubrique que nous venons de créer : «les cas des cailloux». Nous y présenterons, à l’aide d’un texte et d’une photo, les animaux qui ont le moins de chances d’être adoptés, en raison de leur âge, d’un handicap, d’un trait de caractère particulier ou d’un séjour trop long au refuge. Si certains d’entre nous pouvaient suivre l’exemple donné par la maîtresse de Jumpy, ce serait bien réconfortant.

Quelquefois, on serait tenté de penser que les animaux en détresse savent que leur salut se trouve au refuge des Cailloux : je pense au chien Lorenz, qui attendait sagement, à cinq heures du matin, tranquillement assis devant le refuge, que la gardienne lui ouvre la porte ; ou encore, plus récemment, au chien Gilbert, qui a profité de l’ouverture du portillon, à midi, lors de la sortie des animaliers, pour entrer dans la cour du refuge et aller dire bonjour à tout le monde, en attendant qu’on lui attribue un box. Il a eu moins de chance que beaucoup d’autres : nous avons fait pour lui tout ce qu’il fallait, réconfort, mise en état sanitaire etc… Nous l’avons équipé d’une petite botte, puis d’une chaussette spéciale, en attendant que sa patte malade guérisse. Puis, un matin, son ventre a enflé brusquement : hémorragie interne, cancer de la rate, fin de l’histoire. Le vétérinaire l’a euthanasié après tranquillisation et anesthésie générale. Son animalière l’a accompagné jusqu’au bout, comme nous avons coutume de le faire dans ces cas-là.

Harold

 

 

Le chat Freddy passait beaucoup de temps dehors, recherchant les endroits ensoleillés. Or l’abus de soleil provoque fréquemment des «chancres» (cancers) des oreilles ou du nez chez les chats blancs. C’est ce qui est arrivé à Freddy, dont les deux oreilles étaient blanches… Une opération s’avérait nécessaire, car le chat souffrait beaucoup et se grattait au point que ses oreilles étaient déchiquetées et en permanence ensanglantées. Les maîtres de Freddy ont préféré l’abandonner, après avoir vécu 14 ans en sa compagnie. La S.D.A., qui soigne systématiquement tous les animaux qu’elle recueille, a tenté l’opération, qui a très bien réussi. Evidemment, notre pauvre vieux Freddy n’a plus d’oreilles, mais il a supporté vaillamment les soins post-opératoires et combattu avec succès un glaucome et le coryza.

Gilbert

Un brave chien, Titi, est abandonné par ses maîtres, qui répondent tranquillement aux questions qu’on leur pose pour essayer de mieux connaître l’animal. «Ah oui, il boite, c’est parce qu’il est tombé du premier étage, il y a trois mois… Non, on ne l’a pas emmené chez un vétérinaire, ça ne saignait pas. Il a beaucoup pleuré pendant quinze jours, il avait beaucoup maigri aussi, mais maintenant ça va…» Diagnostic de notre vétérinaire, d’après la radio que nous avons fait pratiquer : fracture du fémur avec déplacement de l’os. On imagine la souffrance du chien, qui n’a même pas eu droit à un antalgique alors qu’il aurait fallu l’opérer d’urgence. L’histoire, cette fois, finit bien : Titi a été adopté par des gens charmants, prenant ainsi sa revanche sur un passé injuste.

Je pourrais aussi vous parler du chien Snoopy, découvert allongé auprès de sa maîtresse morte depuis trois jours, du chat Guillaume arrivé au refuge à l’état de squelette, et qu’il fallut alimenter avec précaution pour qu’enfin, au bout de quatre mois, il retrouve une corpulence à peu près normale, du petit chien Hégisippe, arrivé couvert de croûtes provoquées par une gale démodécique ancienne et jamais soignée, et qu’on plonge chaque matin dans un seau rempli de désinfectant pour hâter sa guérison…

Guillaume

Guillaume

Hégissipe

Hégisippe

 

 

 

 

 

 

 

 Et puis il y a tous les autres : les jeunes, les vieux, les bêtes de race et les croisés, ceux qui ont été maltraités, ceux qui ont été dorlotés et se retrouvent au refuge à la suite d’un mauvais coup du destin, ceux qui arrivent agressifs et qu’on amadoue, ceux qui arrivent tremblants et qu’on réconforte, les malades, les blessés, les bien-portants, les chiens, les chats, les furets, les lapins, les oiseaux, les hamsters, les gerbilles, les «trouvés», les «abandonnés» au refuge, les «jetés par-dessus la grille», les «découverts dans la benne par les éboueurs», les «attachés à la poignée de la porte» parce qu’ils ont la teigne ou qu’ils ne savent pas chasser le hérisson, bref tout un peuple à quatre pattes que nous pouvons sauver grâce à vous, et dont tous les membres sont traités avec une exacte justice.

Alors, en leur nom à tous, je vous remercie bien sincèrement pour vos cotisations et pour vos dons, et je vous prie de bien vouloir agréer, cher adhérent, l’expression de mes meilleurs sentiments.

Le Président,

Nicole Bacqué

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