Appel des cotisations 2011

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Cher adhérent,

Vous ne l’ignorez pas : c’est grâce à vos cotisations et à vos dons que nous pouvons secourir ou sauver les animaux en détresse. Vous savez qu’au refuge ils sont recueillis, réconfortés, soignés si besoin, hébergés durant tout le temps nécessaire jusqu’à leur adoption. Mais l’idée que vous pouvez vous faire de notre action reste forcément un peu abstraite. C’est pourquoi je crois utile de vous conter quelques petites histoires de bêtes survenues en 2010, afin que vous puissiez mieux vous représenter la vie quotidienne du refuge… et mesurer l’importance de votre rôle, en prenant connaissance de ce qui n’aurait pas été possible sans votre soutien.

Elle s’était faufilée dans le sous-sol et cachée derrière une palette de boîtes, où la gardienne la découvrit un beau matin. Comment était-elle arrivée là ? Jetée par-dessus le mur pendant la nuit ? Cela arrive plusieurs fois par mois. Etait-elle venue par les toits, depuis le cimetière voisin où de nombreux chats errants se réfugient parce que le calme y règne ? Un ventre énorme, presque monstrueux ; pour le reste, partout on voyait le squelette sous la peau. On aurait pu compter les vertèbres et les côtes. Nous n’avions encore jamais vu un chat dans cet état. Impossible de parler de maigreur, c’était pire que cela. Le vétérinaire était désemparé. La laisser mettre bas ? Elle y perdrait la vie. L’opérer ? Elle ne supporterait pas l’anesthésie. Il fallait bien, pourtant, prendre une décision. On opta pour l’opération, à laquelle Nina survécut par l’effet d’un de ces miracles qui récompensent souvent notre détermination. Les bons soins prodigués par la gardienne et le vétérinaire lui avaient donné l’envie de vivre et la force de se battre, mais pendant les premières semaines de convalescence, personne n’osait encore se réjouir. Elle pesait 1kg800, avec six chatons dans le ventre, à son arrivée. Le poids moyen normal d’un chat de petite taille (sans chatons !) est de 4kg500. Au jour où j’écris, elle se porte très bien et attend au refuge le bon maître qu’elle mérite.

Nina

Nina. Lorsque la photo a été prise, l’antérieur gauche était encore tondu, à cause des perfusions qui avaient été nécessaires.

 

Quatre chiots de quelques jours à peine apportés, dans un carton, par une personne qui déclara les avoir trouvés devant sa porte. On apprit un peu plus tard qu’il s’agissait des chiots de sa chienne. Si elle avait dit la vérité, on lui aurait bien sûr demandé soit de garder les chiots encore un mois ou deux, afin que leur mère s’en occupe, soit de nous laisser aussi la mère. Trop pressée de se débarrasser de la progéniture de sa chienne, ne se souciant pas le moins du monde du sort des chiots qui risquaient pourtant leur vie du fait de la décision prise, la maîtresse indigne avait préféré mentir. L’histoire finit bien cependant : pendant de longues semaines, installés au chaud dans une cage de la chatterie d’isolation (on ne disposait d’aucun endroit plus convenable), les chiots ont été nourris au biberon, toutes les trois heures, même la nuit, par notre dévouée Jeanine. Quand ils ont pu se nourrir seuls, c’était un vrai plaisir de les voir patauger dans le plat de pâtée. Joueurs, câlins et bien dodus, ils ont vite été adoptés.

Mais il y a aussi des histoires qui finissent mal malgré tous nos efforts : quatre chatons de dix jours environ, n’ayant que la peau sur les os, enfermés dans un sac plastique jeté par-dessus le mur ; deux seulement ont survécu, malgré les efforts conjugués du vétérinaire et de la gardienne. Une chienne berger allemand de 14 ans ½, les deux chaînes mammaires couvertes de tumeurs si anciennes et si importantes qu’elles en étaient devenues inopérables, abandonnée par sa maîtresse. On s’aperçut que la pauvre bête urinait du sang, et l’échographie révéla qu’elle avait aussi un cancer de la vessie. Le sauvetage n’était pas possible, il fallut se résoudre à l’euthanasie. Mais même dans ces cas-là, une fois la colère et la déception évacuées, on peut quand même se dire qu’on a fait oeuvre utile : deux des chatons ont pu être sauvés ; on a mis fin, dans les meilleures conditions possibles, au calvaire de la chienne qui souffrait le martyre depuis assez longtemps déjà. Et si je vous parle ici d’euthanasie, c’est parce que le sujet ne nous gêne en rien. Nous pouvons l’évoquer librement, sans honte, sans hypocrisie, sans rien dissimuler ou passer sous silence, car nous ne pratiquons, très rarement d’ailleurs, que des euthanasies médicales, destinées à abréger les souffrances d’un animal, dans des cas semblables à celui que je viens de décrire, et lorsque le vétérinaire nous dit qu’il n’est plus possible de le soigner ou de le soulager.

La plupart du temps cependant, il suffit qu’un animal passe par notre refuge pour que s’inverse le cours de son destin, pour qu’une vie commencée sous de mauvais auspices se transforme en vie heureuse. J’en veux pour preuves tous ces chiens et chats âgés qui retrouvent un maître, tous ces animaux qu’une opération sauve ou remet sur pied : Tino, beagle aveugle âgé de 10 ans ; Gédéon, caniche abandonné à l’âge de 13 ans ; Loulou, beauceron adopté à l’âge de 10 ans  ; Nougat, bichon de 12 ans ; Poupette, 13 ans ; Ralph, teckel de 14 ans ; Youki, 17 ans, « récupéré » in extremis par une de nos bénévoles (sa maîtresse, n’en voulant plus, était en route pour la gare de Dijon, où elle avait l’intention de l’attacher !) ; Alix, cocker spaniel anglais âgé de deux ans, retiré d’un élevage par décision de justice, et qu’il nous a fallu soigner pendant plus d’un an, avec de longues périodes d’hospitalisation. Tous sont maintenant dorlotés par de bons maîtres. Et puis la jeune chatte Rosine, arrivée avec la mâchoire fracturée, qui ne souffre d’aucune séquelle après une intervention chirurgicale et la pose d’un cerclage ; Aubane, qui a subi une ostéosynthèse pour réduire sa fracture ouverte de l’humérus ; Claudia, qu’une attelle portée pendant quelques semaines a remis d’aplomb ; Sabrina, qui a recouvré la santé après un mois et demi d’hospitalisation, et encore le chien Siméon, déposé au refuge couvert d’estafilades, de cicatrices de coupures et de brûlures, dont le vétérinaire nous a dit qu’il avait sans nul doute été martyrisé. Vous l’avez compris, et de toutes façons vous le saviez déjà : lorsqu’il s’agit de sauver un animal, nous ne renonçons jamais, quelle que soit la situation. Et notre détermination, notre optimisme aussi, s’avèrent très souvent payants.

Tino

Tino, des yeux aveugles mais pleins d’espoir.

 

D’une manière générale, la situation ne cesse de s’aggraver. De plus en plus, les animaux sont considérés comme des objets qu’on peut à sa guise prendre et jeter. Les abandons d’animaux âgés, qui étaient naguère assez rares, deviennent de plus en plus fréquents ; et surtout, les personnes qui abandonnent n’éprouvent plus ni honte, ni remords, ni regrets. Au contraire, elles semblent considérer qu’il s’agit là d’un acte parfaitement banal. En ce qui concerne les chats errants, c’est encore pire : vous pourrez voir dans nos informations complémentaires qu’il a fallu, pour leur sauver la vie, faire stériliser et tatouer 419 chats, hors refuge, en 2010. Ce nombre représente un record qui nous inquiète beaucoup, et ce qui se passe actuellement nous fait pressentir un nouveau record pour 2011. La crise, si souvent invoquée, a bon dos. C’est plutôt l’évolution des mentalités -désastreuse en ce qui concerne le respect de la vie animale- qui est en cause.

Il y a toujours eu, d’un côté, ceux pour qui l’animal est un compagnon, un être vivant auquel on doit des égards et, de l’autre côté, ceux pour qui les bêtes n’ont de valeur que si elles leur sont utiles, et sont considérées, au mieux, comme des instruments. Mais le fossé s’élargit à grande vitesse, depuis quelques années, entre les deux « clans ». De plus en plus nombreux, de plus en plus sensibles à la cause qu’ils défendent, ceux pour qui le respect de la vie animale est une valeur fondamentale sont plus décidés que jamais à faire entendre leur voix et leur générosité à l’égard des associations de protection animale, la nôtre en particulier, ne se dément pas. De moins en moins nombreux, mais aussi de plus en plus insensibles, égoïstes et presque fiers de leurs odieux comportements, ceux qui méprisent les animaux et se faisaient discrets il y a quelques années, ont dorénavant tendance à se livrer, sans vergogne et au grand jour, à des actes que nous réprouvons.

Siméon

Siméon, Chien martyrisé.

Rosine

Rosine : sa fracture à la mâchoire n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Pour nous, adhérents de la Société pour la Défense des Animaux, les injustices faites aux animaux, les souffrances qui leur sont infligées, sont source de contrariétés, de colère, d’indignation, parfois même de découragement. Il nous faut lutter contre ces injustices et tenter d’abolir ces souffrances, bien sûr, dans la mesure de nos moyens, et nous devons aussi, pour rester optimistes, considérer ce que nous réussissons ensemble : une association de plus en plus « forte » et respectée, avec laquelle les pouvoirs publics doivent compter, dont le nombre d’adhérents, tous soudés autour des dirigeants, augmente chaque année ; un refuge dont le bon fonctionnement est unanimement reconnu ; un nombre considérable d’animaux : chiens, chats, lapins etc… hébergés, protégés puis confiés à l’adoption, toutes les précautions nécessaires ayant été prises… A titre d’exemple : le 10 août dernier, nous avions en charge 278 animaux. Alors, bien sûr, nos dépenses ne cessent d’augmenter : il faut nourrir et soigner nos protégés, de plus en plus nombreux ; tout ce que nous devons acheter augmente régulièrement, alors que la participation financière que nous demandons pour les adoptions est la même depuis dix ans : une hausse conduirait immanquablement à une baisse des adoptions. Et surtout, les contrats aidés auxquels nous avons l’habitude de recourir pour diminuer les frais de personnel se font de plus en plus rares. Il nous a fallu, en fin d’année 2010, embaucher deux animaliers entièrement à nos frais, l’un en C.D.I., l’autre en C.D.D. pour 6 mois, car le pôle emploi dont nous dépendons, ayant épuisé son « enveloppe », n’accordait plus aucun contrat aidé. Les salaires, auxquels il convient d’ajouter les charges sociales, représentent une dépense très importante. Et vous savez que notre S.P.A., qui ne reçoit pas les indemnités de fourrière assurant des ressources substantielles à la plupart des S.P.A., vit presque exclusivement des dons et cotisations de ses adhérents et sympathisants. En 2010, les aides financières extérieures (il s’agit uniquement de subventions en ce qui nous concerne) qui ont été accordées à notre association représentaient 3,24 % de nos recettes ; ce sont les dons et legs des adhérents de la Société pour la Défense des Animaux qui composaient les 96,76 % de notre budget.

Notre refuge se trouve, du 1er janvier au 31 décembre, en état permanent de surpeuplement, avec tous les soucis qui en découlent : certains chats vivent très mal le fait d’être trop nombreux (nos chatteries, prévues pour vingt chats au maximum, en abritent chacune plus de trente) ; certains n’osent pas sortir de leur corbeille, deviennent tristes parfois et il faut les surveiller de près pour qu’ils continuent à s’alimenter. Les chiens voient leur temps de sortie dans la cour réduit : il faut bien partager équitablement entre tous, et quoi qu’on fasse, les matinées ne comportent que quatre heures, et les après-midi aussi.

Youki

Youki, 17 ans, aujourd’hui adopté.

 

Pour ceux d’entre vous qui sont adhérents depuis peu, je reprends ici le paragraphe qui résume la façon dont les animaux sont accueillis et traités dans notre refuge : nous avons recueilli, en 2010, comme les années précédentes, des animaux en provenance de tout le département, et même d’autres départements de notre région, et nous avons procédé pour chacun d’entre eux à la mise en état sanitaire et légal nécessaire avant de les proposer à l’adoption. Tous les animaux, quels que soient leur âge, leur race, leur état de santé à l’arrivée, leur statut (animal abandonné ou animal trouvé), ont été systématiquement soignés, identifiés, vaccinés contre les maladies courantes de leur espèce. Les chats, mâles et femelles, ont été stérilisés et testés contre la leucose et le F.I.V. Les chiennes ont été stérilisées avant leur sortie du refuge pour adoption. Fidèles au principe que nous avons adopté, tous ensemble, dès 1996, nous n’avons effectué aucune euthanasie libératoire ni côté refuge ni côté fourrière, et le fait est assez exceptionnel pour être signalé. Tous les animaux qui sont entrés dans les bâtiments fourrière -que nous nommons «chenil d’isolation» et «chatterie d’isolation»- en sont ressortis, après mise en état sanitaire, pour être installés au refuge, en attente d’adoption. (Ce sont les animaux «trouvés» qui doivent obligatoirement être inscrits en fourrière, contrairement à ceux qui sont abandonnés au refuge par leur maître). Nous n’avons pratiqué que quelques euthanasies médicales, lorsque la médecine vétérinaire s’est déclarée impuissante à soigner l’animal et à soulager sa souffrance. Pour fixer les idées, depuis 1996, nous faisons pratiquer environ une dizaine d’euthanasies, par nécessité médicale, au total, par an. A titre d’exemple, euthanasies pour l’année 2010 : au refuge, 4 chiens et 2 chats ; en fourrière, aucun chien et 5 chats. Chaque fois, il s’agissait de cas désespérés.

Nous remercierons bientôt, en leur attribuant un diplôme de « compagnon de Saint-François d’Assise », les personnes au grand coeur (certaines sont adhérentes) qui viennent spécialement au refuge pour adopter un de ces « cas des cailloux » que nous présentons dans le Bien Public (en ce moment, les articles paraissent le dimanche) et sur notre site internet. D’année en année, ces personnes sont de plus en plus nombreuses ; souvent, elles récidivent, ayant gardé un bon souvenir de leur première adoption. Et toutes ces bêtes âgées, handicapées ou présentant une difficulté particulière, dont on nous disait, en 1996, qu’elles « ne seraient jamais adoptées » trouvent un maître aimant. Comme d’habitude, nous publierons les photos de cette réunion sur notre site internet, dans la rubrique « Distinctions ».

N’allez surtout pas en déduire que notre refuge n’abrite que des chiens âgés et des chats borgnes ! Il regorge, au contraire, d’animaux jeunes (et même très jeunes : chiots et chatons) et en pleine santé, et chacun peut à coup sûr trouver le compagnon à quatre pattes dont il rêve. Mais pour ces animaux, les adoptions n’ont pas besoin d’un « coup de pouce », elles se font naturellement, les visiteurs se laissant séduire par telle ou telle bête, souvent en un seul regard, par un de ces « coups de coeur » aussi fréquents qu’inexplicables.

Poupette

Poupette, abandonnée à l’âge de 13 ans, aujourd’hui adoptée.

 

 

Encore un mot, pour vous recommander de prendre connaissance du prospectus que nous joignons à notre lettre, afin de relayer la campagne initiée par l’oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs, campagne à laquelle s’est associée, ainsi que d’autres organisations nationales de protection animale, la Confédération nationale des S.P.A. de France. Davantage d’informations sur notre site internet, rubrique « actions et pétitions ».

Comme chaque année, je compte sur votre fidélité et votre générosité. Je ne suis pas inquiète : je sais que vous êtes tous très attachés à notre oeuvre commune, que votre adhésion à la S.D.A. n’a rien d’un accord de principe, mais relève au contraire d’une motivation profonde, d’un véritable engagement personnel. Je suis certaine que vous aurez à coeur de nous permettre, grâce à vos dons et cotisations, de continuer à secourir toutes ces bêtes abandonnées auxquelles notre refuge offre une chance, un espoir et la vie.

Je vous prie de bien vouloir agréer, cher adhérent, l’expression de ma reconnaissance et de mes meilleurs sentiments.

Le Président

Nicole Bacqué

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